VDLV, de la vape et bien plus encore
Depuis 2012, VDLV innove en permanence. Aujourd’hui, la société de Pessac est à un tournant de son histoire avec un nouveau logo, un déménagement et surtout la naissance d’Ingésciences, via la réorganisation de ses activités et l’ouverture à d’autres secteurs que la vape.
Bonjour Vincent Cuisset et Charly Pairaud, nous allons commencer par les présentations…
Vincent Cuisset : Je suis président de VDLV et directeur du LFEL et j’ai 43 ans.
Charly Pairaud : Et moi, je suis président du LFEL et directeur de VDLV. Et j’ai 46 ans.
Vincent, quel a été votre premier contact avec la cigarette électronique ?
V. C. : C’était à une soirée poker en 2010. J’ai une paire de dames dans les mains, je suis plutôt serein, je sur-relance. Et là, un de mes adversaires et néanmoins ami sort de sa poche une e-cig. Ça m’a fait perdre tous mes moyens… et la partie.
Quel déclic a engendré la création de VDLV ?
V. C. : À l’époque, j’étais à un tournant de mon parcours professionnel et j’ai pris le risque de me lancer à fond dans la vape. Pendant une période de chômage, j’ai passé un an et demi à temps complet sur de la R&D pour savoir s’il y avait la possibilité de fabriquer moi-même une gamme d’e-liquides français, avec des engagements différents de ce qu’il y avait sur le marché à l’époque. J’ai établi petit à petit un cahier des charges pour la sélection d’arômes de qualité vapologique, c’est-à-dire uniquement destinés à l’inhalation. J’ai créé cette gamme d’une vingtaine de saveurs aux arômes exclusivement naturels et, en peaufinant mon business plan, j’ai mis en place un premier circuit de production, d’analyses, de conditionnement, etc. C’est comme ça que sont nés VDLV et la boutique en ligne e-boutiquevdlv.fr en septembre 2012.
Selon vous, qu’est-ce qui a permis à VDLV de prendre son essor par rapport à d’autres concurrents dans ses premières années d’existence ?
V. C. : Au vu des commentaires de l’époque sur le grand forum, je dirais que c’est surtout l’authenticité, la qualité des saveurs et l’approche des arômes naturels. Nous étions aussi parmi les premiers à parler de sécurité finale de nos produits à travers la traçabilité des matières premières et la maîtrise des analyses de nos produits. D’ailleurs, le premier investissement de VDLV, dès que nous avons eu un peu de trésorerie, c’est l’achat d’un chromatographe HPLC (high performance liquid chromatography, soit “en phase liquide à haute performance” en français, ndlr) en 2013.
Comment définissez-vous l’identité de VDLV ?
V. C. : Les valeurs de VDLV tournent autour de six concepts : l’innovation continue, l’engagement qualité, la sélection d’arômes vapologiques, la production française ainsi que la défense de l’environnement et l’économie circulaire. Parallèlement, nous avons aussi tout un engagement envers la filière indépendante pour faire avancer les débats autour de la sécurité du vapoteur.
“Notre volonté de lobbying date du 8 octobre 2013”
En interne, comment vous partagez-vous les rôles l’un et l’autre ?
V. C. : Nous nous occupons en commun de la stratégie de développement commercial des entités et de l’analyse des relais de croissance. Puis nous avons chacun nos domaines de compétences. Charly s’occupe plus du domaine technique, de l’innovation et de l’ingénierie industrielle, de la communication et du lobbying. De mon côté, je prends en charge la gestion financière et administrative, l’expertise analytique, le management qualité et les ressources humaines.
C’est rare qu’une entreprise de vape parle de lobbying.
C. P. : Notre volonté de lobbying date du 8 octobre 2013, le jour du vote au Parlement européen à Strasbourg. Nous étions venus avec tous les salariés de l’entreprise pour manifester. Avec Gaiatrend, nous étions les seuls à avoir fait cela. En voyant des gens comme Renaud de Boudemange (un des membres fondateurs du Cace, Collectif des acteurs de la cigarette électronique, ndlr) ou Brice Lepoutre (président de l’Aiduce à l’époque, ndlr) porter la voix des vapoteurs, je me suis dit qu’il ne pouvait pas y avoir que les vapoteurs qui s’expriment. Si nous, professionnels, passons notre temps à dire que la vape réduit les risques sans apporter d’éléments techniques pour asseoir notre discours, l’engagement politique sera faible. Donc, une de mes motivations primaires, et Vincent m’a donné totale liberté pour cela, c’est d’argumenter techniquement les choses. C’est ce que je fais depuis mon engagement au Cace puis à la Fivape (Charly Pairaud est membre du conseil d’administration de la Fivape, ndlr).
VDLV est en pointe concernant le côté safe des e-liquides. Quel process avez-vous mis en place ?
V. C. : Nous avons un cahier des charges précis imposé à nos fournisseurs de matières premières. Il évolue en fonction des résultats de nos recherches sur le potentiel toxique d’une molécule en inhalation associée à ses performances de vaporisation.
C. P. : Petite parenthèse là-dessus : la vape, comme la cigarette, a été beaucoup analysée de manière chimique mais elle ne peut pas se faire sans établir des paramètres physiques au préalable. Dès le départ, nous y avons inscrit des questions de thermodynamique et de mécanique des fluides. La chimie n’a pas de sens si les paramètres physiques ne sont pas établis, fouillés et calibrés.
Concrètement, que comprennent les caractéristiques physiques ?
C. P. : Les paramètres physiques, c’est dire qu’un steak a brûlé dans la poêle sans préciser s’il a été cuit à feu fort, au chalumeau ou simplement sur une plaque chauffante. Dire que le steak est nocif sans préciser la façon dont il a été cuit, ça n’a pas de sens. Dans la vaporisation, c’est la même chose. Si les paramètres physiques n’ont pas été établis, toute conclusion chimique n’a pas d’interprétation scientifique fiable. Les détracteurs de la vape se servent d’approximations physiques pour dire : “Regardez, la vape est nocive”. Non, la vape réduit les risques quand les paramètres physiques sont bons, mais si les paramètres physiques sont dégradés, les paramètres chimiques le seront aussi.
“Nous sommes convaincus de la forte toxicité des produits de dégradation du sucralose”
L’utilisation du sucralose dans les e-liquides est un sujet sensible, quelle est votre position ?
V. C. : Nous avions une intuition depuis le début et la bibliographie complétée par l’étude du LFEL qui sortira courant septembre (l’interview a été réalisée le 17 juillet 2019, ndlr) nous a convaincus de la forte toxicité des produits de dégradation du sucralose. Pour nous, c’est un sujet préoccupant parce qu’il touche directement à la sécurité du consommateur. Nous considérons que la meilleure façon de préserver une solution de sevrage tabagique c’est de lui donner toutes les clés de sa vérification, à la fois pour nos marques et celles de nos partenaires. La vape était le sujet d’un grand nombre de critiques concernant son innocuité depuis ses débuts et il y a là, avec le sucralose, une faille dans le système qui peut être tout simplement évitée. Nous comprenons le côté séduisant du sucralose, même si nous déplorons une course à la surenchère sur les liquides de plus en plus sucralosés. Mais heureusement, nous observons que de plus en plus de boutiques spécialisées prennent conscience de la menace de ces pratiques et tiennent à préserver la confiance de leurs clients. Elles hésitent donc à vendre des liquides qui sont trop sucrés.
Quels sont les dangers du sucralose en inhalation ?
L’étude du LFEL apportera des éléments de réponse à cette question. Mais on sait, aujourd’hui, que le sucralose est suspecté d’être un cancérogène probable chez l’humain (CMR 2B) en ingestion, il est donc plus que probable qu’il le soit aussi en inhalation.
Donc chez VDLV, le sucralose est totalement banni ?
V. C. : Oui, totalement.
Est-ce que vous allez argumenter pour son absence soit inclus dans la norme Afnor ?
V. C. : Nous allons tenter de faire comprendre les risques que peut engendrer le sucralose sur le marché. Il faut que la vape indépendante comprenne ce danger que Big Tobacco a, je pense, déjà bien compris en l’évitant dans ses liquides. Nous sommes maintenant convaincus qu’il y a un risque en inhalation et nous pouvons faire des liquides de qualité qui ont du goût sans ce sucralose.
C. P. : C’est une question de responsabilité de la filière. C’est ça que nous mettons sur la table avec cette étude publiée par le LFEL.
En 2016, Vincent dans les Vapes et CirKus étaient les premières marques à être certifiées Afnor. Depuis 2017, le laboratoire d’analyses de VDLV est accrédité Cofrac, qu’est-ce qui vous pousse à être moteur de ces processus ?
V. C. : Depuis le début, nous avons une forte sensibilité sur les concepts d’amélioration constante de la qualité et sur la recherche d’une sécurité optimale des produits. Nous avons construit un référentiel de management de la qualité qui évolue. Et cette politique de management de la qualité est structurée autour de plusieurs concepts : la satisfaction des besoins du client, l’amélioration continue des processus, la sécurité du consommateur, l’amélioration des conditions de travail du personnel et la communication sur notre métier.
Votre entreprise dispose également du label Mon entreprise bouge, en quoi consiste ce label et pourquoi l’avoir décroché ?
C. P. : C’est un moyen de véhiculer les valeurs du sport dans l’entreprise mais aussi une question de réduction des risques. Ça porte aussi des valeurs comme le respect de soi, d’autrui, l’esprit d’équipe, la cohésion, l’épanouissement personnel et le bien-être. Nous cherchons à améliorer l’équilibre du personnel, son stress, sa santé mentale, les troubles musculosquelettiques. Concrètement, cela se traduit par l’organisation tous les matins, d’échauffements et d’étirements avant la prise de poste pour tous les salariés.
V. C. : Nous proposons également des cours de yoga et de Pilates gratuits plusieurs fois par semaine. Cette démarche s’inscrit dans une autre, plus globale, qui est celle de notre engagement RSE (responsabilité sociétale des entreprises, ndlr) pour l’entreprise. Cela concerne les avantages offerts à nos salariés comme le sport, mais aussi la mesure de notre impact environnemental avec l’utilisation de flacons recyclés pour nos produits ou le fait de favoriser le développement d’une économie circulaire en travaillant avec des partenaires locaux.
C. P. : Nous sommes calibrés sur les 17 objectifs de développement durable de l’ONU sur cette question-là (ce sont les objectifs de développement durable qui donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous, ndlr).
Passons aux e-liquides, vous sortez régulièrement de nouvelles références. Quel est le processus de création d’un e-liquide VDLV ?
V. C. : Pendant les trois premières années de VDLV, nous nous sommes concentrés sur l’élaboration d’e-liquides de type mono-arôme ou dual. Il nous a fallu du temps pour établir un premier cahier des charges sur la sélection des arômes en vue d’être inhalés et pour identifier toutes les caractéristiques de notre aromathèque. Il a fallu aussi comprendre les phénomènes de dégradation des composés aromatiques lors de la vaporisation et analyser les propriétés et les interactions des familles aromatiques. C’est tout un travail préparatoire qui nous permet aujourd’hui de créer des recettes plus complexes et plus équilibrées.
L’inspiration vient de sources multiples. Il y a les retours de nos clients, de notre équipe commerciale, et la créativité de notre pôle développement. Le travail de ce pôle est important, il reste centré sur la maîtrise des notes aromatiques qui vont, par exemple, stabiliser une composition ou embellir une note de fond, comme la longueur en bouche, ou une note de cœur. Sans oublier les tests gustatifs et analytiques dans les différentes étapes de développement d’un e-liquide afin de surveiller leur évolution et leur vieillissement.
Comment faites-vous pour rester en contact avec les tendances du marché ?
C. P. : Pour ça, nous avons la chance d’avoir une force technico-commerciale locale d’une dizaine de personnes connectées avec VDLV et le LFEL. Ils viennent régulièrement se former et s’informer, ils sont le lien avec les services marketing et communication et notre veille quotidienne est complétée par leur analyse terrain. À côté de ça, il y a aussi nos services centraux qui scrutent le marché et notre service export qui analyse l’évolution du marché à l’international. Nous essayons d’associer cette dynamique-là avec de la volonté créatrice. Nous n’embrassons pas toutes les tendances du marché du premier coup, nous prenons toujours le temps de les palper, de les sentir pour voir si elles ont un intérêt sur le long terme.
Le LFEL intervient-il dans le processus de création ?
C. P. : Il intervient en amont en qualifiant ou disqualifiant des arômes, qui sont soit tendance, soit nouveaux. Le LFEL décortique tout cela pour apporter à VDLV une caution scientifique. Le LFEL propose aussi cette prestation pour d’autres sociétés, mais il a appris à le faire avec VDLV. Il arrive aussi que VDLV suggère au LFEL de nouvelles questions d’analyses, soit concernant le marketing olfactif, soit concernant les inquiétudes que l’on pourrait avoir sur les dégradations moléculaires.
“Pour nous, proposer des sels de nicotine n’avait de sens que s’ils étaient composés à partir de notre nicotine fabriquée en France”
Ça illustre les sels de nicotine, qui sont une tendance lourde du marché, et pourtant vous êtes absents de ce marché, pourquoi ?
V.C. : Avant de nous intéresser aux sels de nicotine, nous avons été très concentrés sur notre production de nicotine française. Au vu de la complexité du sujet, nous avons pris le temps de regarder les différents types de sels, les comportements des acides en vaporisation, l’impact sur les pratiques des vapoteurs, les méthodologies d’analyse, les méthodes optimales de production. Pour nous, proposer des sels de nicotine n’avait de sens que s’ils étaient composés à partir de notre nicotine fabriquée en France et issue de tabac de la région. Aujourd’hui, c’est chose faite !
C. P. : Nous pouvons annoncer que nos sels de nicotine sortent en septembre dans les marques Vincent dans les Vapes et CirKus. Toutes nos références ne sont pas concernées, nous allons aller à l’essentiel et travailler sur une gamme resserrée d’une quinzaine de saveurs.
Au niveau du matériel, de nombreux concurrents se lancent dans l’aventure des pods. Pourquoi pas vous ?
V. C. : Nous ne l’avons pas fait jusqu’à présent parce que nous ne pouvons pas aller sur tous les sujets. Mais, nous avons une demande sur des pods, que ce soit en système ouvert ou fermé et nous avons des projets à l’étude. Nous sommes convaincus de l’intérêt du pod dans le sevrage tabagique, mais notre préoccupation principale reste l’impact environnemental considérable de certains types de pods. Nous ne sommes pas pressés, ce n’est pas parce que nous avons des concurrents qui s’y sont mis que nous devons rapidement en sortir. Nous prenons le temps de la réflexion.
Quels sont vos best-sellers au sein de vos marques en prêt à vaper ?
V. C. : Chez Vincent dans les vapes, il y a des saveurs tabac comme Hampton et Hudson. Dans les menthes, il y a Menthe Glaciale et Menthe Fraîche. Pour les fruités, ce sont Pomme, Fraise, Poire et Ananas qui se détachent. En CirKus Authentic, ce sont RY4 et Tabac FR pour les tabacs et Mangue Framboise et Cassis Frais pour les fruités. Dans la gamme CirKus Wanted, il y a le Sweet et le Gourmet. Dans les assemblages plus complexes de Black CirKus, nous pouvons citer La Femme à Barbe et Monsieur Muscle.
Le succès de ces saveurs correspond-il à vos attentes lors de leurs lancements ?
V. C. : Nous avons une logique de création d’arômes, nous avons aussi notre panel de testeurs et parfois nous connaissons aussi des déconvenues.
Justement, vous pouvez en citer quelques-unes ?
C. P. : Nous avons une déconvenue historique, c’est un arôme de concombre, et c’est drôle de voir que nous avons dû arriver trop tôt sur le marché avec cette saveur, parce que maintenant elle marche bien. Donc la déconvenue, c’est de l’avoir sortie trop tôt et l’autre déconvenue c’est de l’avoir sortie… de la gamme (rires). Cette saveur s’appelait Préambule et elle portait bien son nom (sourire).
Et du côté du DIY ?
V. C. : Dans la gamme CirKus Excentriques, nos best-sellers sont El Nougat et Kiwi Fraise Mix. Sans oublier notre offre de prêts à booster qui fonctionne très bien également.
Via VDLV 360, vous offrez un panel d’outils d’accompagnement aux boutiques. En quoi cela consiste-t-il ?
C. P. : VDLV 360 regroupe tout un panel d’outils et de services pour nos clients pro, que ce soient pour la mise en avant de nos produits, la mise à disposition de supports de communication ou encore des solutions d’accompagnement pour le merchandising en boutique. En mai dernier, nous avons également lancé les LemonDays.
Comment les professionnels peuvent-ils participer aux LemonDays ?
C. P. : Nous consultons notre réseau local, nous leur parlons du concept, ils s’inscrivent mais il y a un nombre limité de places pour des questions d’organisation. Les LemonDays ont lieu le lundi parce que c’est habituellement un jour de repos pour les boutiques spécialisées, mais pas ce lundi-là (sourire).
La V4 du Juke-Vapes est sortie en octobre, où en est son déploiement ? Quel est son apport à une boutique ?
C. P. : La V4, c’est l’aboutissement des remontées du terrain et des pratiques en boutique. Le Juke-Vapes s’est d’abord beaucoup déployé en Angleterre car c’est un pays très pragmatique qui a tout de suite vu l’intérêt pratique, hygiénique et économique. Cette version est en 20 points pour le même encombrement et il s’utilise avec une facilité déconcertante. Il y a un côté fun avec les lumières LED, il est personnalisable et permet de collecter de la data. Bref, ça permet de procurer une expérience client vraiment réussie.
Vous êtes producteurs de nicotine vapologique, issue de plants de tabac français. Vous êtes donc attachés au made in France… selon vous, la vape est-elle un nouvel espoir industriel et agricole pour la France ?
C. P. : C’est un encouragement et une compréhension des enjeux au niveau régional, ça c’est clair ! Nous avons accompagné les agriculteurs et les tabaculteurs, ils sont très motivés parce qu’ils découvrent que le progrès a choisi son avenir et sont rassurés à l’idée de travailler avec une entreprise comme VDLV. Ils ont visité nos locaux, ils ont vérifié comment nous travaillons et ils ont vraiment apprécié de pouvoir le faire. Cela crée un écosystème local qui tend, nous l’espérons, à se nationaliser. Ce que nous observons, c’est que si les régions et même des institutions ont très bien compris ça, d’un point de vue national, ce n’est pas du tout observé et nous déplorons ce manque de considération. Il faut comprendre que cette nicotine vapologique repose sur trois grands chapitres.
Le premier, c’est la question de l’extraction, c’est un savoir-faire national, il y a de très belles entreprises avec lesquelles nous nous appuyons sur ce niveau d’expertise.
Le deuxième chapitre aborde la performance de la nicotine la plus pure possible basée sur un processus de chimie verte.
Enfin, le troisième chapitre aborde la valorisation des écoproduits. Quand vous prenez 100 kg de tabac et que vous en extrayez quelques litres de nicotine, qu’est-ce que vous faites du reste ? Eh bien, nous nous en servons pour produire de l’énergie dans des unités de méthanisation. Mais notre objectif, plutôt que de transporter cette matière afin qu’elle produise de l’énergie ailleurs, c’est qu’elle serve à réchauffer ou à produire de l’énergie pour notre site de production, qui est en train d’être livré en ce moment.
Encore une fois, la valorisation des écoproduits, c’est du bon sens et si nous pouvons chauffer notre usine avec ce tabac-là, nous le ferons. Et à côté, il y a une réflexion agricole pour que la façon dont nous cultivons ces tabacs soit faite de la façon la plus raisonnée possible, voire, demain, pourquoi pas en bio. Nous souhaitons établir des génies des procédés écoresponsables qui deviennent un nouveau métier chez nous, nous permettant de soutenir des entreprises comme Immunrise via notre nouvelle structure Ingésciences.
“Le LFEL ne va pas complètement disparaître, il va devenir un des départements d’Ingésciences”
Ingésciences, c’est la structure qui va remplacer le LFEL ? Quelles seront ses nouvelles compétences ?
C. P. : Le LFEL ne va pas complètement disparaître, il va devenir un des départements d’Ingésciences, la future entité qui prend le relais. Ingésciences est la contraction d’ingénierie et de sciences. En s’appuyant sur notre expertise et notre savoir-faire acquis grâce à la vape, nous allons nous ouvrir à de nouveaux domaines d’application et proposer une offre analytique et R&D qui dépasse le domaine de la vape (l’air, l’eau, les cultures, etc.).
V. C. : Nous disposons maintenant d’un parc d’appareils analytiques qui nous permet, grâce aux méthodologies d’analyse que nous avons développées, de travailler sur d’autres secteurs comme l’agro-alimentaire, la viticulture ou encore la cosmétique.
C. P. : Nous avons créé aussi un bureau d’études d’ingénierie qui travaillera sur le génie des procédés, par exemple, sur des conceptions industrielles. Nous avons appris à travailler de façon très réactive, c’est ce qui fera notre force par rapport à d’autres bureaux d’études.
V. C. : VDLV et le LFEL fusionnent leurs activités de production. VDLV intègre toute la partie production, création, mise en conformité des produits du vapotage du LFEL via son offre VDLV service. Ingésciences va récupérer l’accréditation Cofrac de VDLV sur les prestations d’analyses et d’ingénierie pour s’ouvrir à d’autres domaines d’activité, là où VDLV va se concentrer uniquement sur la vape.
Quelles pourraient être les activités, les métiers d’avenir connexes à la vape ?
C. P. : Il y a précisément la réflexion sur les matières premières comme la nicotine. Nous sommes aussi en train de réfléchir à d’autres solutions sur les sujets de production de PG et de VG sans utiliser la pétrochimie. Il y a également d’autres applications qui sont connexes à la vape, non pas sur les matières premières mais sur les applications, notamment la vaporisation. Et aujourd’hui, nous développons un programme qui s’appelle Vapecell, intégrant la conception d’un incubateur automatisé qui permet de générer parfaitement une vapeur et de la déposer le plus précisément possible sur des cellules 3D. Pourquoi 3D ? Parce que depuis longtemps nous faisons des analyses cellulaires sur des cellules qui sont à plat. Maintenant, grâce à des chercheurs de l’université de Bordeaux, nous arrivons à concevoir de manière volumique, donc en 3D.
V. C. : Nous parlons là de cellules humaines : pulmonaires, rénales, cardiaques….
C. P. : Ça concerne donc des cellules humaines ou des cellules animales parce qu’une des perspectives qui nous intéressent, c’est d’exploiter la vapeur dans ses meilleures possibilités pour des applications qui pourraient intervenir dans le domaine de la santé et du bien-être animal.
“Aujourd’hui, la vaporisation est devenue un support de principes actifs. Il faut étudier quelles applications sont compatibles et intéressantes”
Quelles pourraient être les applications concrètes ?
V. C. : Aujourd’hui, la vaporisation est devenue un support de principes actifs. Il faut étudier quelles applications sont compatibles et intéressantes, que ce soit pour le soin ou pour le bien-être, et l’appliquer à d’autres secteurs d’activité. Ça peut concerner le marketing olfactif, les soins aux animaux ou la vaporisation de vitamines. C’est tout un programme de recherche qui s’ouvre à nous.
C. P. : Nous collaborons pour cela avec l’école des Mines de Saint-Étienne, qui dispose d’un département spécialisé dans la nébulisation et l’atomisation. Grâce à toutes ses connaissances et aux tests que nous avons pu faire, grâce notamment à notre robot U-SAV, aujourd’hui nous avons des données qui nous permettent de croire à de nouveaux domaines d’application. Nous avons tous entendu parler de la vapoceutique (liquides “dents blanches”, “fin de soirée arrosée”…), qui était plus basée sur du marketing que sur de la science. Elle n’est pas irréalisable, mais c’est un projet à long terme, certainement pas dans l’état actuel de nos connaissances.
Est-ce que vos capacités d’analyses d’émission ont évolué depuis le lancement de votre robot vapoteur U-SAV ?
V. C. : Forcément ! U-SAV a analysé près de 5 000 liquides depuis sa création. Aujourd’hui, nous avons trois robots qui fonctionnent en continu. Depuis sa mise en place, nous arrivons à détecter une plus large gamme de produits de dégradation grâce à nos avancées sur les travaux de recherche au LFEL. Et ses capacités d’analyses vont continuer à évoluer. Dans un arôme, on peut trouver plus d’une centaine de molécules. Le but, à chaque fois, c’est de mettre au point une méthodologie d’analyse de détection, de piégeage de ces molécules et de travailler sur l’interprétation des résultats, parallèlement au sujet complexe des limites de détection et incertitudes de mesure.
VDLV est actionnaire minoritaire d’Immunrise Biocontrol, une entreprise de biopesticide à partir de microalgues. C’est important de vous diversifier ? Pourquoi avez-vous investi dans cette société ?
V. C. : Inscrire notre développement dans le durable via la chimie verte et l’écologie industrielle, ça demeure un enjeu prioritaire pour nous. Nous poursuivons nos innovations dans un principe d’économie circulaire. À ce titre, le projet Immunrise s’inscrit parfaitement dans notre déontologie. Il y a de véritables synergies avec notre activité. Cette microalgue développée par Immunrise dispose de propriétés fongicides incroyables. Elle a notamment de très bons résultats avec certains champignons de culture : le mildiou de la vigne, mais aussi le mildiou du tabac, qui est une vraie plaie pour nos tabaculteurs. Nous sommes donc en train de regarder les applications de cette microalgue sur ce mildiou. Par ailleurs, nous avons aussi un véritable défi de réflexion sur une production industrielle de cette microalgue. Grâce à l’emménagement sur notre site de Cestas, nous allons continuer à héberger la société Immunrise et à travailler avec eux.
Vous l’avez déjà abordé en filigrane, vous allez bientôt déménager dans de nouveaux locaux. Qu’est-ce qui a motivé cette décision et à quoi vont-ils ressembler ?
C. P. : C’est le manque de place qui nous pousse à déménager. Nous avons emménagé à Château Bersol en avril 2013 et ce site de 4 500 m² est devenu trop petit. Nous avons d’abord cherché à faire construire. Bordeaux est une ville attractive et les grands terrains se font rares. Nous avons finalement trouvé un site, un petit peu plus loin, à Cestas. C’est un ancien bâtiment logistique, dont la structure permet la croisée de ces projets. C’est-à-dire, d’y être et de recevoir. Il a une superficie de 14 000 m² dont les deux tiers sont destinés aux métiers du vapotage et le reste à des activités connexes. Il accueillera environ 200 personnes. Nous avons totalement modernisé le site en aménageant une base industrielle, une base logistique, un laboratoire de recherche, une plate-forme commerciale et marketing, et bien sûr des services centraux qui peuvent être mutualisés avec d’autres entreprises (logistique, réfection & ingénierie, maintenance).
Il y aura aussi un espace restauration et des salles de sport et de culture. Nous travaillons maintenant sur un hub industriel destiné à l’innovation chimie, business et biotech qui est une première dans la région, une sorte de coworking industriel, logistique et scientifique. Pour l’instant, il est occupé par VDLV, Ingésciences, Immunrise et ABNova, une société qui produit du biocarburant. Il y a aussi des sociétés partenaires et voisines qui travaillent avec nous, comme Distrivapes, qui distribue la marque 814 et qui nous confie ses productions. D’autres sociétés ou bureaux d’études sont intéressés.
Vous allez aussi présenter votre nouveau logo au Vapexpo. Pourquoi le modifier et qu’apporte cette mise à jour ?
C. P. : Lors de sa création en 2012, le logo VDLV avait uniquement une fonction administrative. Nous communiquions alors essentiellement avec le logo de notre marque Vincent dans les Vapes. Mais, avec la diversification de nos activités et le lancement de CirKus, il est devenu nécessaire de parler du savoir-faire et des exigences de notre entreprise. Pour faire simple, nous avons utilisé le logo existant. L’entreprise a grandi rapidement et par la force des choses, son logo est devenu trop réducteur par rapport à tout ce que VDLV symbolisait. Avec ce déménagement, nous entrons dans une nouvelle ère. Changer de logo prend alors plus de sens. Nous sommes sur les dernières finitions et nous espérons pouvoir le présenter au Vapexpo.
“C’est incroyable de constater que des pratiques illégales de vente à perte utilisées par Big Tobacco avec les cigarettes continuent à perdurer avec la vape”
Quel est le positionnement de VDLV par rapport à la vente aux buralistes ?
V. C. : VDLV s’est construit petit à petit grâce aux boutiques spécialisées. Donc, depuis longtemps, nous avons fait le choix de ne pas vendre nos produits aux buralistes, qui pourtant nous sollicitent régulièrement. Ça fait partie de notre déontologie et parce que nous souhaitons une loyauté forte avec nos partenaires historiques et futurs. Nous souhaiterions également que cette loyauté soit réciproque. Nous regrettons notamment qu’une boutique spécialisée puisse proposer à ses clients à la fois des produits de qualité et des produits qui ont un potentiel toxique avéré en inhalation, ou alors même des produits “Big Tobacco” avec des pratiques de concurrence déloyale. C’est incroyable de constater que des pratiques illégales de vente à perte utilisées par Big Tobacco avec les cigarettes continuent à perdurer avec la vape. On peut se demander pourquoi la DGCCRF, qui vient régulièrement contrôler nos produits dans nos locaux, n’envoie pas ses agents en boutique ou chez les buralistes pour y regarder d’un peu plus près ces pratiques.
Que pensez-vous de l’argument de certains de vos concurrents qui considèrent qu’il faut aller chercher les fumeurs là où ils sont, c’est-à-dire chez les buralistes afin de leur proposer des produits de qualité plutôt que de laisser le champ libre à Big Tobacco ?
V. C. : Nous avons un positionnement différent mais nous respectons celui de nos concurrents. Certains buralistes se spécialisent et se forment, ce qui, en soi, est une bonne chose pour les fumeurs. Mais nous pensons qu’il est paradoxal de trouver un produit de la vape à côté d’un paquet de cigarettes et c’est quelque chose qui nous dérange fondamentalement. Mais chacun fait son choix, nous avons fait le nôtre.
Craignez-vous l’offensive de Big Tobacco sur la vape ?
V. C. : Ils font des tentatives séductrices, agressives au niveau de leur volonté de s’implanter un peu partout. Big Tobacco est en train de comprendre le marché commercial, et demain ils vont comprendre le marché technique. Comme le disait le Dr Farsalinos au Vapexpo l’année dernière, ils ont les moyens de faire mieux que tout le monde, avec des volumes qui vont affaiblir le marché dans sa diversité. Est-ce qu’ils auront le fin mot de l’histoire ? On garde l’espoir d’en douter…
Vous n’avez même pas la crainte de rachats éventuels ?
V. C. : Forcément notre secteur va se concentrer inévitablement avec des acquisitions de réseaux de distribution, de fabricants d’e-liquides. Ils vont aussi travailler le lobbying réglementaire ; la TPD n’est pas venue comme ça par hasard. Nous savons qu’il y a deux lobbyistes du tabac pour un député européen. Concernant leur stratégie à long terme, elle peut passer soit par une logique de rachats de sociétés, soit par les produits en essayant de casser le marché existant.
Un dernier mot à ajouter ?
V. C. : À toutes les personnes qui ont quitté la cigarette pour la vape et pour des raisons de santé, j’aurais juste un conseil : celui d’éviter d’inhaler quotidiennement des liquides trop sucrés. C’est une mise en garde, chacun en fait ce qu’il veut. Mais ce sujet-là peut être une bombe à retardement.
C. P. : Continuons d’être pour une diversité des offres. Je fais souvent cette allégorie : dans le monde du soda, il y a trois grosses marques dans le monde alors que dans le monde du vin, il y a une multitude de viticulteurs et de producteurs. Et je crois que la diversité économique est bien plus favorable à un avenir meilleur. Les temps ont changé, aujourd’hui la diversité peut bien se développer. Autrefois, les gros modèles puissants occupaient le marché, la diversité va probablement gagner sur ces modèles de multinationales qui sont contestés et mal vus. Donc, nous voulons rester une entreprise à taille humaine et avec de grosses volontés RSE et la diversité est un des chapitres de cette possibilité-là. Il y a des entreprises qui ont des valeurs et VDLV en est incontestablement une.
LemonDays, les lundis de l’info
Lancés en mai dernier, les LemonDays, sont des journées d’information et de partage, à l’intention des clients professionnels historiques de VDLV. “LemonDays” parce que ces journées ont lieu le lundi, “monday” en anglais. Avec ce concept, VDLV a voulu jouer la carte vitaminée en proposant un vrai concentré de jus d’informations. Trois ateliers thématiques centrés sur la vape sont proposés aux participants : un point sur la science, un sur la réglementation et la certification et un dernier, qui a plus une approche business. Ce sont des moments privilégiés à l’échelle régionale.
Trois sessions ont déjà eu lieu à Bordeaux, Lyon et Lille. De nouvelles dates seront proposées d’ici la fin de l’année dans d’autres régions de France. Avec des journées denses et riches en échanges, VDLV se déplace en équipe, avec ses commerciaux mais aussi des membres des services QHSE, marketing, analyse et bien sûr, la direction.