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Faudrait-il limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage ?

Début avril 2024, l’association Sovape était auditionnée par la Commission des affaires sociales du Sénat. L’occasion de présenter son analyse sur la politique antitabac française et de proposer des pistes pour sortir de l’impasse. Ici, nous vous proposons de prendre connaissance du rapport détaillé point par point que l’association a fait parvenir au Sénat.

Précédemment nous mettions en avant les premiers points de l’analyse fournie par l’association :

Pourquoi le taux de prévalence tabagique se maintient-il à un niveau élevé en France ?

Quelles sont les principales études relatives à la cigarette électronique comme moyen de sortie du tabagisme ?

Quelles sont les principales études relatives au risque que la cigarette électronique serve d’entrée dans le tabagisme ?

Quelles sont les principales études relatives aux risques sanitaires de la cigarette électronique ?

Présentation du marché de la cigarette électronique en France

Quel regard porte l’association Sovape sur les interdictions actuelles ?

Continuons par le huitième point. Nous rappelons que les propos énoncés ici sont tirés de la contribution apportée devant le Sénat par l’association Sovape. Vous pouvez retrouver l’intégralité de leur contribution ici.

Le PNLT 2023-2027 prévoit, pour réduire le risque, de « limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage ». Que faudrait-il faire selon vous ? Réduire les arômes autorisés à des arômes de plante (tabac, menthe, menthol), et interdire en conséquence des arômes plus attractifs pour les jeunes (sucrés ou fruités) ? Cela serait-il efficace selon vous pour réduire les entrées dans le tabagisme ?

Le PNLT prévoit de créer un groupe pour analyser le sujet. Une restriction supplémentaire des arômes de vapotage au-delà des restrictions actuelles, motivées par la sécurité des utilisateurs, serait contre-productif sous tous les aspects. Elle créerait de la frustration, augmenterait les risques sanitaires, et créerait un risque d’insécurité.

Nos enquêtes européennes et françaises nous permettent d’identifier les risques associés à des limitations importantes des arômes. Elles pousseraient une large partie des vapoteurs actuels vers le marché noir, l’auto-production ou le retour au tabagisme. Elle pousserait plus de jeunes à essayer de fumer, en réduisant l’effet de diversion de l’expérimentation sans lendemain du vapotage. D’autre part, la création d’un marché noir étendu ouvre la porte à des dérives indésirables et incontrôlables. Pousser un produit de réduction des risques et ses utilisateurs vers l’illégalité avec tout ce que cela peut générer comme nuisances de santé publique et de troubles serait une grave erreur.

Comme mentionné plus haut, l’Australie ou la Finlande qui ont suivi cette logique comptent des taux d’utilisateurs de vapotage mineurs plus élevés qu’en France. Ces deux pays ont perdu le contrôle sur la qualité des produits et maintiennent la prévalence tabagique.

Les adolescents sont dans un âge de mutation qui incite une large partie d’entre eux à la curiosité et l’expérimentation. En expérimentant le vapotage, pour l’extrême majorité sans nicotine, une bonne partie évite ainsi d’expérimenter directement la cigarette, comme le faisaient les générations précédentes. Cet effet de diversion a accéléré la chute du tabagisme adolescent depuis 2014. Réprimer le vapotage abusivement, en conservant le laxisme traditionnel de l’administration française à l’encontre des ventes de tabac aux mineurs, à toutes les chances de profiter à un retour du tabagisme adolescent.

Pour prévenir l’entrée en tabagisme des adolescents, une stratégie cohérente devrait viser à influer sur les facteurs de risques. SOVAPE a insisté à de nombreuses reprises auprès des autorités sanitaires, notamment dans sa contribution au Haut-Conseil de Santé Publique (HCSP), sur l’importance du facteur du tabagisme parental. Les tenants de la théorie de la passerelle opposent généralement l’intérêt des jeunes à celui des adultes sur la question du vapotage et de la réduction des risques. Cette vision d’un antagonisme générationnel ne tient pas compte du facteur essentiel de la transmission du tabagisme entre parent et enfant, ainsi que du rôle majeur que peut jouer l’arrêt tabagique des parents comme facteur réducteur de risque pour leurs enfants.

Nous avons souligné que les études internationales montraient que le tabagisme d’un parent augmente par environ deux le risque de devenir fumeur pour un adolescent, le tabagisme des deux parents le multiplie par trois, et encore plus s’il a des amis ou d’autres proches qui fument. En 2022, une étude française a confirmé l’existence et le poids majeur de ce phénomène en France. Legleye et al. concluent que “ En France, le tabagisme parental apparaît être le facteur qui influence le plus le tabagisme des adolescents, suivi par la situation familiale”.

Nous ne comprenons pas que ces données primordiales continuent d’être ignorées par les autorités dans l’établissement des politiques de santé, notamment dans le PNLT, cultivant ainsi un faux antagonisme d’intérêts entre jeunes et adultes.

Pourtant, une étude auprès de 2218 enfants de 10-11 ans au Pays de Galles en 2020 a montré qu’ils comprennent la réduction des risques et le rôle du vapotage pour arrêter de fumer chez leurs parents vapoteurs. À ce titre, des mesures pour réduire l’accès, l’efficacité ou l’information sur le vapotage aux adultes a non seulement peu de chance de protéger les jeunes, mais pourrait augmenter le risque de tabagisme pour une partie d’entre eux en les privant d’un modèle en acte de sortie du tabagisme dans le cercle de sociabilité primaire.

À l’opposé, les interdictions d’arômes de vape dans certaines localités ou États américains ont eu des effets néfastes sur le tabagisme adolescent. À San Francisco, l’interdiction des arômes de vape s’est accompagné d’une hausse du tabagisme adolescent, alors qu’il était en chute auparavant. La Pr Abigail Friedman, de Yale, a calculé que l’impact de cette mesure a fait doubler le tabagisme lycéen par rapport à ce qu’il aurait été le cas sans son entrée en vigueur.

La chercheuse a poursuivi ses recherches avec d’autres économistes américains pour étendre son analyse à l’ensemble des États et localités ayant interdit des arômes de vape. La recherche a évalué que l’interdiction des arômes de vape a fait diminuer les ventes d’e-liquide et augmenter les ventes de tabac, en proportion d’environ 8 paquets de cigarettes supplémentaires vendus pour chaque 10 ml (contenance usuelle d’une fiole d’e-liquide de recharge en Europe) d’e-liquide évités. “En outre, les ventes de cigarettes augmentent même parmi les marques utilisées de manière disproportionnée par les jeunes mineurs”, alertent les chercheurs.

b) Les interdictions d’arômes de vape favorisent le tabagisme aussi bien chez les jeunes que chez les moins jeunes. C’est la raison pour laquelle les cigarettiers et les grands pays producteurs de tabac promeuvent cette mesure.

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