un effet passerelle de la cigarette électronique vers la cigarette à combustion ?
L’effet passerelle est une théorie selon laquelle les non-fumeurs, et notamment les mineurs, commenceraient à fumer après avoir vapoté.
Ce concept n’est pas nouveau et date des années 70. A l’époque, l’effet passerelle désignait le potentiel lien entre la consommation de drogues légales et illégales. Cinquante ans après, l’idée reste à peu de choses près la même. Elle est appliquée, cette fois-ci, à la cigarette électronique et tend à prétendre que sa pratique pourrait initier les non-fumeurs au tabagisme.
A ce jour, de nombreux aspects de l’e-cigarette sont surveillés. Et, bien que son usage soit étudié de près, aucune étude n’accrédite un potentiel effet passerelle entre vape et tabagisme. Cette théorie, ainsi que le principe de précaution qui y est associé, sert à justifier l’instauration de mesures de prévention non raisonnées sur l’utilisation du vaporisateur personnel.
L’argument principal des défenseurs de ce concept tient au fait que le vapotage entretiendrait la dépendance à la nicotine et favoriserait l’entrée des plus jeunes dans le tabagisme. Les adolescents non-fumeurs qui testent la cigarette électronique seraient donc plus susceptibles de franchir le pas du tabagisme par rapport à ceux qui n’ont jamais essayé le vapotage. L’utilisation d’arômes fruités et gourmands est ainsi au cœur du « débat », accusés d’inciter les plus jeunes à tester la vape. Pourtant à ce jour aucune étude ne prouve l’existence de ce fameux effet passerelle. En réalité, c’est même l’exact opposé.
Le professeur B. Dautzenberg, médecin pneumologue à l’Hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière et ancien Président de l’Office Français de Prévention du tabagisme, mettait en avant, dès 2017, une étude (The use of e-cigarettes in adolescents: public health consequences) dans laquelle il concluait que l’effet passerelle de la cigarette électronique vers la cigarette à combustion n’existe pas.
Où en est-on ? Que dit la littérature scientifique sur le sujet ?
On observe à ce jour 2 phénomènes intéressants :
- Dans les pays où la vape se démocratise, comme au Royaume-Uni, une chute significative du taux de tabagisme chez les adolescents est observée ;
- Dans les pays imposant une stricte règlementation des produits de la vape, le tabagisme chez les adolescents, à l’inverse, continue de croître.
En 2017, lors de son enquête Les drogues à 17 ans, l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) faisait figurer dans son rapport que « la cigarette électronique a été expérimentée par un jeune de 17 ans sur deux ». Mais est-ce suffisant pour affirmer que ces jeunes passeront nécessairement au tabac par la suite ? Le rapport poursuit en mentionnant que « l’usage de la cigarette électronique demeure occasionnel pour des expérimentateurs qui se sont contentés d’essayer. » avant de conclure que le « vapotage quotidien reste quasi inexistant (1.9%) » chez les adolescents français de 17 ans.
Quant à savoir quelle pratique est testée en premier, l’OFDT constate que :
« L’expérimentation de l’e-cigarette s’est faite en moyenne à 15 ans et 5 mois, c’est-à-dire un an après l’expérimentation de cigarette de tabac. Parmi les adolescents qui ont expérimenté les deux produits, la majorité d’entre eux avaient déjà fumé des cigarettes avant d’essayer l’e-cigarette. »
En 2020, l’Institut National de la Santé Et de la Recherche Médicale (ou INSERM) a rendu publique une étude menée par ses équipes, complétant ainsi nos connaissances sur le sujet et confirmant l’absence d’effet passerelle chez les jeunes français de 17 à 18 ans.
« Dans l’ensemble, l’expérimentation de la cigarette électronique en premier (par opposition au tabac en premier) a été associée à une réduction du risque de tabagisme quotidien à l’âge de 17-18,5 ans »
Enfin, chez ingesciences, le laboratoire partenaire de VDLV, spécialisé dans la recherche sur la cigarette électronique, on estime que « bien que l’existence d’un effet passerelle entre vapotage et tabagisme soit une inquiétude pertinente, les observations actuelles ne fournissent aucune preuve de son existence. A l’inverse, elles montrent plutôt que le vapotage entre « en compétition » avec le tabagisme et tend à le remplacer dans les pays qui le permettent. »